We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

EP #1

by SØHAN

supported by
/
  • Streaming + Download

    Includes unlimited streaming via the free Bandcamp app, plus high-quality download in MP3, FLAC and more.
    Purchasable with gift card

      €5 EUR  or more

     

  • Compact Disc (CD) + Digital Album

    Recevez chez vous les cinq titres du premier EP de Søhan sublimés par l'épais livret contenant l'ensemble des textes illustrés par la talentueuse Adeline Martin ! Un vrai petit objet d'art !

    Includes unlimited streaming of EP #1 via the free Bandcamp app, plus high-quality download in MP3, FLAC and more.
    ships out within 2 days
    Purchasable with gift card

      €10 EUR or more 

     

1.
Astropôle 03:24
2.
Ouroboros 03:24
Ouroboros L'heure de l'empire des néons approche et dompte les rues, la rencontre des mondes est en marche et au cœur de cette forêt grise se dresse le plus vieil habitant. Des câbles électriques s'enroulent entre ses racines et balafrent son tronc. Désormais, il est tout autant branché à nos bouches qu'à la terre. Son feuillage disparaît dans un ciel de neiges et de cendres mêlées. C'est là-haut que j'effleurerai le monde des soupirs comblés. Les reliefs de l'écorce et les câbles m'aident à surplomber les immeubles. Les mains enchevêtrées dans les premières fumées, mes sens s'altèrent et j'offre volontiers mon corps à la brume. Je bascule. A la cime du monde d'en-bas, mes pieds foulent feuilles et fétus de fer. Des nuages électriques bouillonnent autour de mon rempart de verdure. Le plafond n'est plus capitonné de vapeurs sombres mais d'étoiles lointaines réveillant l'infinie possibilité de mes fantasmes. Désormais, je suis tout autant branché à vos oreilles qu'aux sources de mon imaginaire. C'est ici que je vaquerai jusqu'aux confins de la démesure. Des bourgeons touffus et industriels émergent sous mon regard impatient. Je décolle dans un tourbillon de câbles électriques et de brumes argentées à la recherche de cimes où se loveraient d'autres consciences affranchies.
3.
La Cité du Vent Au milieu d'un salon poussiéreux peuplé d'insectes et de poupées sous verre, de livres aux tranches mystérieuses, bref, de bric et de broc en tout genre, Élias dormait. Son visage mimait les aventures du fond de son cerveau léthargique. Peut-être d'ailleurs celles contées dans le livre qui se tenait encore ouvert sur ses genoux. Élias quitta soudainement sa torpeur lorsque son livre aux lettrines d'or percuta le parquet. Il ne savait pas quelle heure il pouvait bien être. Aucune de ces horloges ne se permettait d'ébranler le rythme de ses lectures ou encore celui des quelques concertos qu'il réécoutait obstinément. Était-ce l'aube ou bien le crépuscule ? En tout cas, une terrible tempête s'annonçait. Sous le regard médusé d’Élias, des chutes d'astéroïdes brumeuses rejoignaient le ciel à la terre et des tourbillons de nuages se mouvaient avec une impatience folle autour des lointains grattes-ciel. Là-bas, les tornades se multipliaient et visitaient désormais toute la grande ville, balançant corps et tôle par-dessus leurs épaules, comme un homme creusant la terre. Le vent se leva autour de la maison d’Élias, il avait choisi sa prochaine victime et cherchait le moindre interstice à infiltrer. Petit à petit, son souffle se changeait en martèlements violents contre les volets. Puis aux cognements s'ajoutèrent des sifflements stridents qui montèrent en crescendo. Élias avait l'affreuse impression qu'une horde de jeunes filles cernaient sa maison et hurlaient aussi fort qu'elles le pouvaient, comme sur les plateaux télé. Élias, suffocant, se rua jusqu'à ses disques et fit brailler ses enceintes aussi fort qu'elles le pouvaient. Le mélange du concerto et des cris du vent retentissaient en cadences insensés et en chorales infernales. Puis c'est au bord de la démence que tout s'éteignit. Coupure d'électricité. Élias se trouvait dans le noir et le silence complets. Ce qu'il vit derrière lui dépassa toutes ses peurs : une gigantesque forme presque humaine faite de vapeurs épaisses le surplombait. Le vent avait trouvé une entrée. Élias retenait sa respiration et lorsqu'il esquissa un mouvement de recul, la tempête se déchaîna à l'intérieur de sa maison. Élias courut pour se réfugier à l'étage et ferma brusquement la chambre de sa chambre derrière lui. Un semblant de silence s'installa. Juste sous le nez d’Élias se trouvait ouvert le livre aux lettrines d'or qu'il avait inconsciemment trimbalé jusque là. Il en lut un extrait qui fit briller ses yeux et naître au fond de son ventre un semblant de courage dont les braises se changèrent en un feu ardent. Sans crier gare, le vent fit brusquement irruption dans la chambre. Mais Élias était prêt et résolu. Une bataille presque imperceptible bousculait les meubles. Des bras brumeux l'assaillaient de toute part mais le concert strident du vent perdait déjà de son volume. Élias le contraignit à déserter sa maison pour de bon et il poursuivit le combat en s'engouffrant dans la cité. Celle-là même qui venait de s'introduire chez lui en bourrasques. Jamais plus, jamais plus il ne cédera aux vents conquérants et artificiels de la ville. Élias se ressassait désormais sans cesse la phrase qui l'avait sauvée : « Quand la vieillesse s’abattit sur le monde et que l’étonnement disparut de l’esprit des hommes, quand les cités grises érigèrent dans les cieux enfumés de hautes tours sinistres et laides et quand la science dépouilla la terre de son manteau de merveilles, il se trouva un homme, un seul homme, pour effectuer un voyage hors de cette existence et partir dans l’espace, à la recherche de nos anciens rêves. »
4.
Le Dôme aux Mille Soleils La journée touchait à sa fin et des milliers de petits soleils blancs avaient pris la place de l'unique. Une foule de points fixes s'éparpillait sur la toile de l'univers, inchangé depuis des millénaires. Sohan l'avait bien remarqué et il aimait cette idée de stabilité qui contrastait avec le jour. Toutes les nuits, il fuyait les lumières artificielles qui concurrençaient celles du ciel et venait admirer les étoiles au pied de sa colline, allongé dans l'herbe humide. Elles au moins, elles ne trichaient jamais. Il leur murmurait ses secrets les plus cachés et ses peines les plus larmoyantes. Rares étaient ceux comme Sohan qui parvenaient à concevoir l'univers autrement qu'un grossier tableau noir éclaboussé de peinture blanche. Sohan ne voyait en ces hommes-là que des frustes hébétés. Et ceux-là traitaient Sohan de bon à rien, ivre de songes débiles. En compagnie des étoiles, il rêvait les yeux grands ouverts, surtout lorsqu'il apercevait l'étoile filante qu'il aimait tant. Il imaginait les paysages qu'elle pouvait traverser : d'immenses étendues lunaires boursouflées de cratères et semées d'herbes blanches, des planètes couvertes de mers agitées dont l'écume pleuvait sur leurs satellites les plus proches. Son imagination naviguait de mondes étranges en constellations inouïes et plus il explorait plus la frustration de ne pouvoir s'y rendre était grande. Alors de terribles maux de tête l'assaillaient et de rudes combats dans l'étroitesse de son crâne faisaient rage : ses rêves affrontaient sa raison. Jusqu'au soir où ses envies d'immensité triomphèrent et dès lors, une violente vague de théories et de secrets déferla sur lui et manqua de le noyer s'ils n'étaient apparus. Pour mettre de l'ordre dans ce brouillon assourdissant de pensées, l'univers lui assigna des guides pour le moins déconcertants. Ils n'étaient pas plus hauts qu'un bras et constitués de pierres assemblées entre elles. Une faible lueur émanait d'eux et leur corps n'avait pas de réelle substance. Tout en contemplant le sillage arqué et lumineux de l'étoile filante, ses guides s'asseyaient sur ses épaules ou escaladaient ses genoux pour lui confier en silence des secrets. Ils lui apprirent bien plus que ce qu'aucun sage ou livre humain n'aurait pu lui enseigner. Les questions fusaient et se bousculaient depuis les méandres de son imagination mais une seule lui importait vraiment. Celle qui le dévorait depuis son premier plongeon dans le dôme aux mille soleils. Pourrais-je une nuit parcourir le ciel aux côtés de l'étoile filante ? Sans un bruit, ses guides quittèrent ses épaules et se multiplièrent. Ils se placèrent à intervalle régulier en lévitation, formant une échelle de petites pierres. Sohan s'approcha d'eux et les agrippa. Ainsi débuta son ascension. D'abord anxieux, il escalada de plus en plus vite. En quelques instants, il surplomba les lumières vives des maisons. Il montait, montait infatigable jusqu'à dépasser l'atmosphère des hommes et c'est là qu'elle fit son apparition. Semblant naître du bout du monde, elle était plus éclatante que jamais, le jour réapparaissait sur son passage. Elle approchait à une allure folle, il ne fallait surtout pas la manquer. Sohan escalada encore plus vite et remarqua la disparition de ses guides. Alors seul, il prit son essor vers l'étoile filante et l'atteignit enfin. Elle était, elle était d'une beauté inégalable avec son sari bleu, fouetté par les vents de sa course. Tout deux, s'arrêtèrent dans les airs immobiles de l'espace : c'était la première fois qu'ils rencontraient un autre voyageur du rêve et du temps. Leurs corps réunis, ils abandonnèrent les dimensions terrestres et s'adonnèrent au puits sans fonds de leur imagination fantasque, dans l'éternité sidérale.
5.
L’Étoile Bleue J'étais là, assis nonchalamment sur une chaise, chemise défroquée et cravate délacée, plongé dans les vapeurs épaisses et blanches de la ville nocturne. Mon regard nageait de visages flous en verres de gin. Ils étaient tous gris. Gris clairs, gris foncés, presque blancs ou presque noirs. Et moi, j'attendais que ça se passe comme souvent depuis la dernière fois. J'évitais ceux qui méritaient les courbettes et j'esquissais des sourires torves à ceux qui me frictionnaient l'épaule. Ils sont pénibles à la fin ceux-là ! Seul mon verre de gin me tenait solidement compagnie. Lui, il ne manquait jamais à l'appel, c'était un ami de longue date, en tout cas depuis la dernière fois. Malgré tout, quelque chose clochait, tout n'était pas comme avant. L'ambiance m'était plus lourde, pesante, les détails plus marqués bien que toujours abstraits. Je tentais de comprendre les nuances et les modulations, j'essayais de refaire surface en ajustant mon attention lorsqu'elle m'est apparue. Tout au bout, au loin, elle n'était d'abord qu'un point bleu, une étoile entre les immeubles sombres. Elle se déplaçait, j'eus l'impression qu'elle venait vers moi. En avançant, son halo radieux enflait puis dominait le décor citadin. Un silence palpable régnait sur la ville pourtant, tout n'était que chaos dans son sillage. Les vitrines explosaient, leurs débris sustentaient un rideau de verre qui s'épaississait autour d'elle. Les voitures s'envolaient, les lampadaires s'inclinaient et des geysers d'eau jaillissaient des bouches d’égouts. J'observais son arrivée les yeux écarquillés, témoin de la création d'un monde complexe dont elle était l'épicentre. Elle ne se trouvait plus qu'à quelques centaines de mètre de mon verre de gin, elle était assez près pour que je la contemple dans son sobre ensemble. Elle était nue. J'admirais sa peau blanche et pâle d'où s'évaporait une sorte d'aura bleutée. Je ne pus d'ailleurs retenir un frisson. Son pas était lent et langoureux mais sa marche véloce. Seuls ses pieds, rayant le sol de leurs ongles acérés, mutaient le calme étouffant de la scène en éclats strident. Un peu plus haut, ses hanches se balançaient doucement et obstinément de droite à gauche, réglées comme le pendule d'une horloge. Ses petits seins fermes suivaient le mouvement en rebondissant paisiblement de concert. Malgré ce tableau hypnotique, elle approchait à une allure folle. Elle venait pour moi. Je détournais la tête un instant et lorgnais autour de moi pour déceler un complice qui vivrait le même spectacle mais j'étais livré à moi-même, d'autant plus que désormais mon verre était vide. Cette seconde d'inattention s'était, semble-t-il, éternisée car elle était déjà là, plantée devant moi, dans son absolue nudité comme au premier jour, entourée de son nuage de verre. Elle leva sa main vers mon visage et déposa ses doigts sur ma joue mal rasée. Lorsqu'ils touchèrent ma peau, tous les débris de verre tombèrent et éclatèrent sur le sol dans un fracas insonore. Seul le frottement soyeux de ses doigts sur moi se faisait entendre. Je fermais les yeux. « Depuis le temps que nous nous cherchons » Sa main se promena, légère comme une plume. Elle caressa mon cou, mon torse tout en retirant ma chemise. Puis elle me saisit le poignet et m'attira contre elle. Son corps avait la couleur de la glace pourtant, une chaleur réconfortante s'en dégageait. Tandis que je me blottissais contre sa poitrine et m'enivrais de sa peau, une musique s'éleva dans l'air. Elle avait les craquements d'un vieux tourne-disque, un goût d'éternité et ses mélodies voluptueuses m'envoûtaient. Nos corps se mouvèrent à l'unisson et nous ébauchâmes une danse, tout en pilant les débris de verre qui ne mortifiaient qu'à peine nos pieds. J'avais toujours les yeux clos et je m'abandonnais aux sons et aux parfums, dans les bras de mon étoile bleue. Tous ces hommes qui se pavanaient et même mon cher verre de gin avaient disparu. Je me sentais si bien contre elle, il n'y avait plus que nous deux. Du fin fond de mon fantasme, je perçus une voix, d'abord étouffée. Elle m'était déplaisante mais elle enflait, enflait jusqu'à se faire comprendre. J'eus soudain une étrange sensation de déjà vu, j'avais déjà ressenti cela. Même cette femme m'était familière puis de morceaux confus en bouts vaporeux, son souvenir renaissait dans ma mémoire. Je soulevai mes paupières. C'était elle, je reconnus ses cheveux courts et noirs, sa bouche livide et pulpeuse, son nez délicat mais surtout ses yeux. Ils étaient bleus, presque transparents, et je m'y étais déjà perdu la dernière fois. Elle avait causé tellement de dégâts irréparables, tourmenté mon âme et celles de mes proches la dernière fois. « Pourquoi reviens-tu déjà ? Je pensais n'avoir laissé aucune trace, je t'avais bannie de ma mémoire ! POURQUOI REVIENS-TU DEJA ?? » Je criais autant que mes poumons me l'autorisaient et seuls des visages aux regards indifférents réapparurent pour mieux disparaître. Je tentais de m'éloigner, de courir le plus loin possible en fuyant la nuit et ses étoiles mais elle ne me le permettait pas. C'est alors qu'elle déploya ses ailes et nos corps quittèrent le sol. « Depuis le temps que nous nous cherchons » A peine eut-elle fini sa phrase qu'elle m'enveloppa dans ses ailes blanches. A l'intérieur du cocon en lévitation, j'usais mes dernières forces à me débattre mais la lutte était vaine. J'ai peur, je ne sais pas ce qui m'attend mais finalement, je me laisse emporter depuis les frontières de ce nouveau départ. Nous ne formons plus qu'un. Je suis elle et elle est moi. Nous sommes l'étoile bleue.

credits

released June 25, 2015

Grégoire JOKIC : Claviers
Wilfried RENAUT : Voix, guitares
Romain LEBON-MIALDEA : Batterie, contrebasse

Enregistrement et mixage : Studio du Chat Blanc
Mastering : Studio Je Suis Tout Ouïe
Conception graphique et visuelle : Adeline Martin (adeline-martin.com)

license

all rights reserved

tags

about

SØHAN Rennes, France

Søhan est un groupe formé en 2013 de la fusion de deux univers : le rock et le spoken word. Søhan flirte avec le slam et actualise le genre du conte en s’inspirant du monde d’aujourd’hui sur des morceaux qui oscillent entre progressions rock et mélodies aériennes. Avec deux EP réalisés en 2015 et 2017, Søhan écume le Grand Ouest avec son nouveau spectacle à l’énergie et à l’imaginaire libérateurs. ... more

contact / help

Contact SØHAN

Streaming and
Download help

Report this album or account

If you like SØHAN, you may also like: